- CHARLES Ier (roi d’Angleterre)
- CHARLES Ier (roi d’Angleterre)CHARLES Ier (1600-1649) roi d’Angleterre (1625-1649)Roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, second fils de Jacques VI Stuart, roi d’Écosse, qui deviendra roi d’Angleterre en 1603 sous le nom de Jacques Ier, Charles Ier monte sur le trône en 1625. Jeune, séduisant et indécis, il est un jouet entre les mains de son entourage. L’impopulaire duc de Buckingham le pousse à attaquer l’Espagne. Pour se garantir du côté de la France, Charles Ier demande la main d’Henriette-Marie, la plus jeune fille de Henri IV. Le couple royal, tendrement uni, mènera une vie exemplaire contrastant vivement avec l’existence dissolue de Jacques Ier. Mais Buckingham accumule les maladresses. Vaincu par les Espagnols à Cadix (1626), il s’aliène les Français en soutenant les protestants de La Rochelle, ce qui lui vaut d’être battu à l’île de Ré (1627). Les princes protestants d’Europe se trouvent bientôt en mauvaise posture. Malgré ses préventions absolutistes, Charles Ier doit convoquer le Parlement en 1628 afin d’obtenir des subsides. Il est mis en demeure d’accepter la pétition du Droit qui limite les prérogatives royales. Nouvelle rebuffade: le renouvellement des droits de douane (tunnage and poundage ), traditionnellement accordés à vie au monarque, est refusé par les parlementaires. Au mois d’août enfin, Buckingham meurt sous le poignard du lieutenant Felton. À la session de 1629, le conflit se déplace sur le terrain religieux. Charles Ier soutenait la réaction épiscopalienne et arminienne de William Laud, évêque de Londres puis archevêque de Canterbury. Le Parlement vote trois résolutions condamnant le papisme, l’arminianisme, et la perception d’impôts non votés par le Parlement. Charles Ier fait jeter les meneurs en prison, renvoie le Parlement, et décide de gouverner sans son appui. Pendant onze ans, il se conduit en monarque absolu. On a naturellement parlé de «tyrannie» et stigmatisé à l’envi la fameuse Chambre étoilée. Pour être équitable, constatons que l’absolutisme de Charles Ier était moins dirigé contre le peuple que contre l’individualisme effréné des classes enrichies (limitation des enclosures, défense de la théorie médiévale contre le prêt à intérêt) et contre le fanatisme des puritains (laxisme de la censure ecclésiastique et tiède répression de la sorcellerie). C’est d’Écosse que jaillit l’étincelle. Laud y voulait introduire le rituel anglican. Les farouches presbytériens se soulèvent en masse. Devant ce danger, Strafford, homme de confiance du roi, conseille la manière forte. Il part lever une armée dans cette Irlande où, en tant que vice-roi, il a joué les colons anglicans contre les presbytériens d’Ulster et les indigènes catholiques. Néanmoins, Charles Ier doit à nouveau réunir le Parlement en 1640. L’opposition véhémente qu’il y rencontre l’incite à dissoudre ce Court Parlement dix-huit jours après l’ouverture de la session. L’avance victorieuse des Écossais pousse cependant les lords et le peuple à exiger la convocation d’un nouveau Parlement. Charles Ier s’incline. Convoqué au mois de novembre 1640, le Long Parlement durera treize ans. Il est déjà révolutionnaire, même s’il ne met pas encore la personne du roi en cause. Abandonné par l’ingrat Charles Ier, Strafford est cité à comparaître devant le Parlement, condamné à mort et exécuté (1641). Laud est décapité peu après. Voyant l’Angleterre en proie à ces luttes intestines, les Irlandais se soulèvent et massacrent les colons. Charles Ier demande des crédits pour organiser une expédition punitive. Méfiant, le chef de l’opposition parlementaire, John Pym, fait voter la «grande remontrance» qui énumère les griefs contre la couronne. Présumant de la faiblesse de l’opposition, Charles Ier exige l’impeachment pour haute trahison de Pym et de quatre autres chefs parlementaires. Il va même jusqu’à se rendre en personne aux Communes, afin de se saisir des cinq parlementaires qui ont pris la précaution de se mettre à l’abri. Le roi quitte alors Londres au bord de l’émeute. La guerre civile est commencée. Cavaliers royalistes et Têtes rondes puritaines s’empoignent aux quatre coins du pays. Mais la victoire boude les deux camps. Le Parlement signe alors avec les Écossais un traité d’alliance qui lui permet de prendre rapidement l’avantage. Le 2 juillet 1644, à Marston Moor, les royalistes sont vaincus. Parmi les troupes victorieuses, on remarque particulièrement les Côtes de fer d’Olivier Cromwell. L’armée parlementaire est réorganisée selon ses instructions. Lui-même, nommé adjoint du commandant en chef, prend une part essentielle à la déroute royaliste de Naseby (14 juin 1645). Charles Ier ne voit d’autre solution que de se rendre, peu après, à la merci des Écossais. Ceux-ci s’empressent de le livrer au Parlement qui lui présente aussitôt les Dix-Neuf Propositions stipulant notamment l’adoption du Covenant presbytérien, l’abolition de l’épiscopat, le droit pour le Parlement de contrôler l’armée, la marine, et la nomination aux grandes charges de l’État, enfin, la proscription des chefs royalistes. Le souverain biaise et négocie en sous-main avec toutes les factions. Sur ces entrefaites, une crise éclate entre l’armée et le Parlement. Cromwell occupe Londres avec vingt mille soldats décidés à faire reconnaître leurs droits. Indécis malgré tout, Cromwell fait des ouvertures au roi qui le lanterne comme il l’a fait avec le Parlement, avant de se réfugier dans l’île de Wight (1647) d’où il appelle les Écossais à son secours. Le péril rétablit la concorde entre l’armée et le Parlement. Cromwell met en pièces les Écossais à Preston en août 1648. En décembre, l’armée se retourne contre le Parlement. Le colonel Pride et ses mousquetaires ne laissent à Westminster qu’une cinquantaine de députés sûrs. Enlevé dans l’île de Wight, Charles Ier est ramené à Londres, déféré devant ce «Parlement croupion», mis en procès et condamné à mort malgré de vives résistances de la part de nombreux chefs puritains. Le 30 janvier 1649, le roi Charles Ier montait à l’échafaud avec un courage exemplaire, sans avoir rien renié des convictions absolutistes qui périssaient avec lui.
Encyclopédie Universelle. 2012.